Finale de LNA: BLA sans trembler

Photo et montage : Mathieu Besson

Après une claire victoire contre le BC Uzwil en demi-finale, nous savions qu’aller chercher la coupe serait difficile, car l’adversaire en finale allait être une des deux seules formations a être parvenu à nous battre au cours de la saison. C’est le BC Zürich qui s’est présenté dans l’arène après n’avoir laissé presque aucune chance au BC Yverdon-les-Bains dans l’autre demi-finale. Pour se rassurer, on pouvait se rappeler que la victoire sur BLA avait peut-être été aidée par un effectif un peu amoindri par les absences, les heures de voyages et la maladie. La joueuse suédoise de Zürich, Malena Norrman, avait également fait forte impression en double et en mixte. Quatre raisons pour une défaite, dont aucune n’était là pour le week-end de la finale.

La rencontre “aller” a eu lieu le Samedi 3 mai dans la désormais familière Salle Omnisport du Vieux-Moulin. On notera le fairplay des Zürichois qui ont accepté d’inverser le lieu des deux rencontres du week-end, le Dimanche au Vieux-Moulin étant réservé pour un camp d’entraînement des équipes nationales de Tchoukball. Au complet et bon pied, bon œil, BLA a pu compter sur un public venu en nombre pour encourager la jeune équipe lausannoise dans sa quête d’un deuxième titre en trois saisons. La tension montait petit-à-petit alors que sur les terrains, en guise de cérémonie d’ouverture, on saluait le travail des juniors du club et de leurs entraîneurs.

Photo: Mathieu Besson

On a ouvert le feu avec le double dames et le double hommes 2. Dans ce dernier, Nhat Nguyen et Robin Gerber, surfant sur la confiance que lui ont conféré ses médailles aux Championnat Suisse Elite, n’ont laissés aucun espoir au danois Ditlev Jaeger-Holm et au jeune zürichois Yul Schmid. La messe a été dite en trois petits sets. Caroline Racloz et Dounia Pelupessy, opposées à Marie Cesari et à Lucie Amiguet (la partenaire de Caroline à l’international), sont passées très près d’être tout aussi sévères, mais la troisième manche leur a échappé d’un rien. Heureusement, la paire lausannoise s’est ressaisie dans la quatrième manche pour couper court au suspens. 2 – 0 pour BLA.

La deuxième fournée de matchs a été le simple homme 3, David Orteu contre Soen Rimmer, et le double hommes 1, Alex Dunn et Minh Quang Pham contre l’anglais Zach Russ et Nicolas A. Müller. Si tout à bien débuté dans le double, Alex et Minh Quang parvenant à prendre l’attaque et à convertir leur avantage en points, la belle mécanique s’est un peu enraillée en cours de deuxième manche. Zach Russ a redoublé d’énergie et les zurichois ont petit à petit pris l’avantage dans le jeu à plat, obtenu l’attaque plus souvent qu’à leur tour et sont même régulièrement parvenus à contrer quand ils étaient contraints de défendre. Menée 2 sets à 1, la paire Dunn-Pham est parvenu à sortir la tête de l’eau dans la quatrième manche, mais alors qu’on pensait se diriger vers un 5ème set décisif, quelques imprécisions lausannoises et des inspirations zurichoises ont fait tomber le couperet. 2 – 1.

Photo: Mathieu Besson

L’historique des face-à-face plaidait en faveur de David, mais 4 mois plus tôt ce n’est qu’au terme d’un match très accroché que le lausannois était parvenu à prendre le meilleur sur Soen Rimmer. On attendait donc ce choc, d’autant plus que la plupart des scenarii potentiels menant à une victoire zurichoise passait par une victoire dans ce match. David a repris les choses là où il les avaient laissées en demi-finale et a nettement dominé son adversaire dans les deux premières manches. Ayant peut-être relâché un peu la pression, il a permis à son adversaire de prolonger le match en arrachant le troisième set sur la plus petite des marges. Heureusement pour Lausanne et tant pis pour le suspens, David a tué cette rébellion dans l’œuf, retrouvant dans la quatrième manche l’intensité qui lui avait si bien servi dans les deux premières. 3 – 1 pour BLA.

Troisième fournée: Simple hommes 1 et 2. En N°1, l’olympien Irlandais Nhat Nguyen affrontait Ditlev Jaeger-Holm. Imprécis en début de partie, le joueur danois de Zürich a laissé filer Nhat dans la première manche. Un cadeau peut-être empoisonné, car dans la seconde Nhat s’est montré un peu attentiste, laissant Ditlev mettre en place son jeu d’attaque et ainsi remettre les compteurs à zéro avec facilité. Vases communiquants: Nhat a empoché la troisième manche nettement en prenant à nouveau le jeu à son compte. Les débats se sont ensuite resserrés, mais la quatrième manche est tout de même tombée dans l’escarcelle du visiteur, bien servi par sa précision au filet.

Le cinquième set n’a pas débuté sous les meilleurs auspices. Un Jaeger-Holm galvanisé a foncé comme une fusée, laissant sur place un Nguyen fébrile. On a donc changé de côté à 6-3 pour le joueur danois. De son propre aveu, les années passant, il devient plus difficile à Nhat de trouver systématiquement le feu intérieur, la rage de vaincre face à l’adversité. Le puit n’étant pas sans fond, il doit choisir ses combats et c’est peut-être à cause de cela qu’en interclub on l’a vu parfois perdre des matchs qui lui semblaient promis. Mais le feu était là pour cette finale, Nhat parvenant à recoller au score et même d’âpre lutte à coiffer au poteau son adversaire. 4 – 1 pour BLA.

Photo: Mathieu Besson

Si sur le papier, beaucoup des matchs étaient soit serrés, soit avec un ballotage favorable pour Lausanne, il y en a un qui penchait du côté de Zürich: Sur 6 duels, tous en LNA, Maxime Pierrehumbert n’était parvenu à s’imposer qu’une seule fois sur Nicolas A. Müller. D’autres seraient peut-être arrivés resignés, mais pas Maxime, bien au contraire. Depuis des semaines, toute sa préparation mentale et physique était orientée vers ce match. Plus que du bilan, c’est dans la conviction d’arriver dans les meilleures conditions possibles que l’on tire la confiance et Maxime avait donc le couteau entre les dents, bien décidé à frapper un grand coup et par là même doucher les espoirs zurichois.

Champion Suisse 2022 en simple homme, Nicolas A. Müller, on le sait, a de remarquables qualités défensives sur lesquels de nombreux attaquants, dont Maxime, se cassent les dents, soit en s’épuisant et se frustrant de voir leurs attaques revenir encore et encore, soit en allant dans le rouge, synonyme de beaucoup plus de fautes que de points. Agression contrôlée est donc le mot d’ordre et Maxime s’y est parfaitement tenu. Livrant une prestation de grand qualité, Maxime est parvenu à s’échapper dans la première manche, puis a faire la course en tête tout au long de la seconde, bien aidé par des attaques incisives obtenues par la qualité de son jeu au filet.

Nicolas a tenter d’en faire plus dans le troisième set, faisant l’effort sur les jambes pour intercepter les volants poussés par Maxime vers le fond de court et pour bondir sur les coups imprécis au filet. Maxime ne s’est pas laissé décontenancer par ce baroud d’honneur et a même fait preuve d’un grand sang-froid pour sauver trois points de set avant de convertir sa première opportunité, laissant alors rugir sa joie à l’unisson avec le public. 5 – 1 pour BLA.

La quatrième et dernière fournée du samedi était faite du double mixte et du simple dame. Deux matchs où BLA était favori. Dans le simple dame, Dounia Pelupessy, peut-être un peu nerveuse, a d’abord subit le départ canon de sa cadette Lucie Amiguet. Mais, rentrant dans son match, la lausannoise est parvenue à inverser la vapeur avant même que ce mauvais début ne lui coûte une manche. Rassérénée, elle a outrageusement dominé le deuxième set avant de contrôler le troisième, la qualité de son jeu d’attaque étant simplement trop haute pour permettre à Lucie, malgré des efforts méritoires, d’espérer grand chose. 6-1 pour BLA.

Photo: Mathieu Besson

Dans le mixte, la paire Caroline Racloz / Alex Dunn a trouvé du répondant avec le duo Vera Appenzeller / Zach Russ. Plus que cela: les visiteurs ont trouvé les ressources nécessaire pour engranger les deux premières manches, pourtant accrochées. la réaction lausannoise ne s’est pas fait attendre. Si on perd quand c’est serré, le plus simple c’est que cela ne le soit pas! Mettant en pratique ce sophisme comme si il était plein de bon sens, Alex et Caroline ont dominé leur adversaires dans le troisième set. On pensait alors la paire locale sur de bons rails, mais c’était sans compter sur l’intenable Zach Russ, l’homme du jour pour Zürich, qui a permis à sa partenaire et lui de gagner le point de l’espoir. 6-2.

On le répète, dans ce format aller-retour, c’est la première équipe à gagner 9 matchs qui l’emporte. Il ne restait donc que trois petits matchs a aller chercher pour BLA. Un problème difficilement soluble pour le BC Zürich sachant que simple dame et double dames semblait promis à Lausanne et que Zurich devait donc remporter les six autres matchs pour forcer un “match en or”, 17ème match décisif. Les hôtes du dimanche ont donc tenté des choses: Jonas Schwartz plutôt que Soen Rimmer dans le simple homme 3 contre David Orteu, le vétéran d’origine indonésienne Titon Gustaman au côté de Zach Russ dans le double hommes 1, Nicolas Muller étant associé à Yul Schmid dans le deuxième double hommes, laissant ainsi toutes ses forces à Ditlev Jaeger-Holm pour le simple.

Photo: Ilya Tikhonovskiy

Les mérites de cette stratégie ont pu être testé d’entrée, la rencontre débutant par le simple homme 2 et le double hommes 1. Du très beau spectacle dans les deux matchs, qu’il a sans doutes été plus facile d’apprécier avec le confort de l’avance obtenue le samedi! En effet, les protagonistes se sont rendus coups pour coups dans des affrontements extraordinairement serrés. Destins parallèles, la situation dans les deux affrontements s’est soudain débloquée dans la deuxième moitié de la cinquième manche de façon identique: celui au ceux qui menaient 6-5 ont perdu 6 des 7 derniers points pour ce voir battre 7-12! L’ironie du sort a été bien partagée, Pham et Dunn s’imposant sur Russ et Gustaman alors que malgré un match splendide Pierrehumbert a dû s’incliner face à Müller. 7- 3.

Photo: Ilya Tikhonovskiy

Zürich ayant perdu son pari dans le double homme 1, restait à voir si il pouvait le gagner dans le double homme 2. Que nenni. Malgré une pause réglementaire pour Nicolas A. Muller, son association avec Yul Schmid n’a pas pu inquiéter la paire Robin Gerber / Nhat Nguyen. En trois petites manches, le score du week-end a été amené à 8 – 3, donnant à BLA 5 opportunités de conclure.

À toutes seigneuries tous honneurs, ces sont Caroline Racloz et Dounia Pelupessy qui ont eu l’occasion de parachever une œuvre dont elles ont été les principales artisanes, vu qu’elles ont été impliquées dans 35 des 91 matchs remportés par l’équipe jusque là. Rapidement, on a compris qu’à moins d’un tremblement de terre la paire lausannoise irai chercher une 92ème victoire de la saison et ainsi offrir à BLA son deuxième titre en trois saisons. La terre n’a pas tremblé, ni même les bras des joueuses. Au terme de trois brèves manches, sur leur premier volant de match, Caroline et Dounia ont scellé l’affaire. 9 – 3 pour Badminton Lausanne Association, Champion Suisse de la saison 2024-2025.

Photo: Ilya Tikhonovskiy

En guise de conclusion, saluons une très belle performance collective. C’est long une saison et il y a toujours des hauts et des bas, mais, grâce à la compacité de l’effectif, si quelqu’un n’est pas à 100% ou fait une contre-performance, il y a toujours quelqu’un d’autre pour aider ou pour faire un exploit. Outre l’effectif aligné lors de ce week-end de finale, n’oublions pas Aria Dinata qui n’aura perdu qu’un simple de la saison (quand le transit aérien a perdu ses raquettes!), Milosz Bochat qui a aidé à marquer des points importants contre Trogen et Argovia, Tatiana Ivanova en Licence+, toujours prête à dépanner (et même à gagner!), Arnaud Boschung et Loris Dietrich qui ont signés leurs premières victoires en LNA, Rachael Darragh et Alyssa Tirtosentono qu’on aura très peu vu pour la première à cause de blessures et pas du tout pour la seconde à cause d’une longue maladie et, derniers mais pas des moindres, Emil Holst, Emma Moszczynski, Virginia Schwitter, Nicolas Gerber et Indira Dickhäuser, autant de remplaçantes et remplaçants qui étaient dans les starting blocks mais qui n’ont pas eu l’occasion de jouer.

Photo: Indira Dickhäuser

Un grand bravo et un grand merci aussi au Head Coach Alexei Tchoumakov, au Comité du club, au sponsor principal B4L, aux nombreux bénévoles qui aident à l’organisation des rencontres durant la saison et durant les playoffs et aux fans qui suivent l’équipe et mettent l’ambiance au bord des terrains! À la saison prochaine!