
Après deux nettes victoires en saison régulière, BLA retrouvait les 29 et 30 mars dernier le BC Uzwil pour la demi-finale des play-offs de Ligue Nationale A, le grand club formateur Saint-Gallois étant parvenu à se glisser dans le dernier carré au nez et la barbe de leurs voisins, les champions en titre du BC Trogen-Speicher. Variant beaucoup les compositions et donnant une large place aux jeunes joueuses et joueurs du club, l’équipe d’Uzwil était l’outsider dans ce duel, mais avait plus d’un tour dans son sac. Bien conscient de ce fait, les Lausannois ont abordé cette double confrontation avec beaucoup de confiance, mais aussi beaucoup de sérieux.
Pour l’acte I à Uzwil, le club hôte a fait tout juste: Un large public acquis à sa cause, une belle démonstration d’ambition durant la présentation des équipes et un ordre de jeu débutant par deux des matchs qui avaient le plus de chance de tourner en leur faveur. La logique étant d’essayer de faire peser sur nous la pression du score. Ce plan semblait se dérouler sans accroc après que les paires Caroline Racloz / Dounia Pelupessy en double dames et Nhat Nguyen / Robin Gerber en double hommes 2 aient dû s’avouer vaincues dans deux matchs compétitifs face aux coriaces Milena Schnider / Cheryl Seinen et au mélange détonnant formé par le jeune cadre national Liano Panza et l’expérimenté hollandais de classe mondiale Robin Tabeling.

Autant dire qu’on n’en menait pas large quand le double hommes 1 d’Uzwil formé de l’entraîneur-joueur Iztok Utrosa et du danois Victor Svendsen se sont extirpés d’un déficit de deux sets pour forcer une manche décisive contre la redoutable paire Minh-Quang Pham / Alexander Dunn. Heureusement pour nos nerfs, les Lausannois ont fermés la porte pendant que David Orteu s’imposait avec autorité sur le prometteur Noel Tappeiner pour égaliser à 2 partout.
Dominé sur le papier dans les deux simples hommes restant et dans le double mixte, le point du simple dame devenait critique pour les Saint-Gallois. Cette réalisation a peut-être pesé sur les épaules de Milena Schnider qui a peiné à rentrer dans son match. En face, Dounia Pelupessy a livré une solide prestation et, poussée par un banc lausannois qui donnait du tambour et de la voix, elle a pu gagner ce duel en trois manches. Comme derrière le mixte Caroline Racloz / Alexander Dunn et le simple homme 1 Nhat Nguyen n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires, la messe était dite.

Restait donc un intrigant simple homme 2 ou le gaucher et coach d’Uzwil Iztok Utrosa allait devoir user de toute sa science tactique pour tenter de faire dérailler le Maxime Pierrhumbert expresse et marquer le point de l’espoir pour son équipe. Espoir il y a eu, car Maxime, pas habitué à jouer en huitième et dernière position, a eu de la peine à faire véritablement son match. Paradoxalement, privé de l’influx nécessaire pour se reconcentrer et s’impliquer, il a trouvé un détachement qui lui a permis de ne pas se frustrer malgré une qualité de jeu en dessous de ses attentes, mais suffisante pour empocher un 6ème point.
Le match retour
On se demandait ce qu’allait pouvoir tenter Uzwil le dimanche pour réaliser ce qui s’apparentait à une quadrature du cercle : trouver six matchs à gagner sur huit contre une équipe de Lausanne compétitive dans tous les domaines et même favorite dans au moins quatre des matchs. Pas de révolution au final: une junior en a remplacé une autre – Lina Schadegg prenant la place de Jorina Jann en mixte – et Liano Panza, pourtant spécialiste des doubles, a été mis en joker pour tenter de déstabiliser Maxime Pierrehumbert dans le simple homme 2.

On se demandait aussi comment l’équipe Lausannoise, alignée dans la même composition que la veille, allait réagir dans un match qu’on ne pouvait qualifier de “à domicile” que du bout des lèvres vu l’engouement des fans d’Uzwil qui avaient fait le voyage et le fait que cette rencontre se jouait dans un lieu inédit pour toutes et tous: la salle omnisports du Vieux-Moulin, spécialement aménagée pour l’occasion par Cédric Boschung et son équipe avec l’aide de Swiss Badminton.

À la recherche de trois victoires, BLA n’a pas tenté le diable et a commencé pas deux de ses atouts les plus forts: le double mixte et le simple homme 1. Ce plan semblait se dérouler sans accroc: Caroline Racloz et Alexander Dunn signant une victoire en trois petits sets et Nhat Nguyen gagnant facilement les deux premières manches de son face-à-face avec Victor Svendsen. Mais la mécanique s’est grippée. Accumulant les fautes en début de troisième manche, l’olympien irlandais a concédé une avance qu’il n’est pas parvenu à combler. Pire, peut-être échaudé par ses imprécisions, le N°1 de Lausanne est devenu un peu attentiste dans l’échange, donnant à son adversaire l’opportunité de dicter le jeu et, surtout, de croire en une possible victoire.

Les fans d’Uzwil poussaient tant et plus et, à la stupeur du public lausannois, Svendsen a dominé la quatrième manche nettement. On attendait une réaction de Nhat et elle est venue. Il a augmenté l’intensité offensive comme défensive, ce qui lui a permis de tourner à 6-3 au mi-temps de la manche décisive. Mais, au grand dam des supporters vaudois, cette embellie n’a pas duré. Dans une fin de match hachée avec du déchet de part et d’autre, le visiteur danois a coiffé le favori au poteau!

Ce coup de tonnerre aurait pu déstabiliser l’équipe de BLA, mais, heureusement, il n’en a rien été. Maxime Pierrehumbert a maîtrisé son sujet face à Liano Panza et David Orteu a fait de même contre Noel Tappeiner. Ni l’un ni l’autre ne laissant le moindre espoir aux jeunes visiteurs. Ces deux victoires supplémentaires ont amené le score du week-end à un 9-3 synonyme de qualification pour la finale.

Dans un autre contexte, la rencontre en serait restée là ou les matchs restants auraient été joués “pour beurre”, mais pour des raisons administratives (un protêt du BC Uzwil sur la légalité de l’engagement de Nhat Nguyen – protêt qui, in fine, n’a pas abouti) il avait été décidé de jouer tous les huit matchs, quels que soient les résultats, pour le plus grand plaisir du public.
Cette prolongation inattendue a offert du beau spectacle et deux revanches. Seule malheureuse exception: le double hommes 1. Dans une séquence à l’apparence anodine, Victor Svendsen s’est fait mal et a dû jeter l’éponge après la première manche alors même que c’est plutôt pour son partenaire, Iztok Utroza que l’on s’inquiétait, tant il semblait gêné dans ses mouvements, peut-être payant ses efforts de la veille.

Le beau spectacle est venu du simple dame. Après une première manche dominée par Dounia Pelupessy face à une Milena Schnider qui répétait ses errements du samedi, le jeu s’est dramatiquement resserré et, un peu comme dans leur demi-finale des derniers championnats suisses, les deux joueuses ont bien joué en même temps, ce qui a donné des rallyes spectaculaires. La visiteuse a retourné le match en empochant sur la plus petite des marges les sets deux et trois, mais Dounia est parvenue d’extrême justesse (14-12!) à forcer une manche décisive. Galvanisée par le banc et le public qui poussaient tant et plus, la lausannoise est parvenue à faire craquer la défense opiniâtre de son adversaire.

Pour finir cette journée en beauté, les deux paires perdantes du samedi, le double hommes 2 et le double dames, ont de façons convaincantes remis les pendules à l’heure, Robin Gerber et Nhat Nguyen s’imposant en quatre sets sur Liano Panza et Robin Tabeling et Caroline Racloz et Dounia Pelupessy faisant de même contre Milena Schnider et Cheryl Seinen. Le score final était donc sans appel : 13-3 pour Badminton Lausanne Association.

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